11 janvier 2008

Des méthodes de soins (des sérieuses au farfelues)

Les images ne passent pas

Des méthodes de soins

I) Georges Meunier et les traitements gothiques de la folie

1) Le panier de force

Usage à la Maison de Charenton au début du XIXème siècle, et supprimé par Esquirol dès son entrée en fonction.

2) Intérieur d'une cellule
(le lit de pierre)

Présent dans de nombreux hôpitaux vers la fin du XVIIIème siècle.

3) La camisole de force et les entraves

Elle contraint le malade à rester debout et à une pénible immobilité.
Cette technique de contention associant camisole et ceps date du début du XIXe siècle et n'a jamais été utilisée en France (du moins jamais été déclarée).

4) Le fauteuil de force

Cette autre méthode d'immobilisation fut assez répandue dans les établissements du nord de l'Europe.
Elle a été abandonnée dans le courant du XIXème siècle.

5) Aliéné enchaîné à Bedlam

William Norris, découvert ainsi enchaîné dans une cellule de l'asile londonien par une commission parlementaire en 1814.
Cette peinture est une copie de la gravure de A. Tardieu, publiée dans l'ouvrage d'Esquirol en 1838, elle-même inspirée du dessin d'un témoin oculaire, George Arnald.

6) Le manchon

Même principe que la camisole de force : entraver les mains.

7) Le fauteuil à douche

Il aurait été utilisé au début du XIXème siècle pour la douche ascendante (lavement), comme alternative au clystère.
Aucun témoignage ne nous indique son utilisation en France.

8) La cangue d'osier

Une invention de Coulmier (1741-1818), régisseur de la maison de Charenton, visant à remplacer la camisole de force en toile.
Ce prototype semble n'avoir eu aucun succès.

9) Alimentation forcée
(la bouche de fer)

Pour vaincre l'opposition des malades refusant de s'alimenter.
La sonde gastrique souple a remplacé les divers systèmes employés dans le courant du XIXème siècle.

10) Le tour

Machine rotatoire en usage à l'hôpital de la Charité de Berlin dans les années 1810-1820

11) Le tambour à rotation

La machine dans laquelle était enfermé le malade, pouvait être actionnée de l'extérieur. Elle fut inventée par Heinroth et exclusivement utilisée en Allemagne, dans la première moitié du XIXème siècle.
Elle pouvait servir à la fois à enfermer le malade, et à provoquer une crise vagotonique comme la machine rotatoire ou le tourniquet à secousses.

12)Le tourniquet à secousses

Autre invention allemande, où le malade était soumis à un mouvement circulaire provoquant une crise vagotonique.

13)Le lit de force

Le malade y était camisolé et maintenu avec des sangles.

La peinture représente un lit de contention assez antique.
Il s'agit, parmi toutes les représentations peintes par Meunier, de la seule qui soit proche de ce que l'on peut encore voir utilisé de nos jours en Europe occidentale (dans un service de psychiatrie, mais aussi dans d'autres services, tels que la chirurgie, la réanimation, etc.).

14)Le bain forcé

Bain de surprise, inventé par Joseph Guislain, médecin aliéniste belge, et construit dans son asile de Gand. Il provoquait un effet de choc, par la surprise et l'immersion brutale dans l'eau. La méthode était déjà abandonnée et oubliée au milieu du XIXème siècle.

15) L'horloge de Heinroth

L'un des plus invraisemblables moyens de contention jamais inventé. Le principe d'enfermer un malade dans une armoire verticale aurait été inventé par l'aliéniste saxon Heinroth au début du XIXème siècle. Aucun témoignage ne montre son utilisation en France.

II) Les purges et les émétiques

La purgation (ou purge) fit partie des méthodes thérapeutiques dites évacuantes.
Elle était aussi répandue que la saignée, autre méthode évacuante, disputant le statut de panacée (remède à tous les maux).
Tandis qu'une médecine avait longtemps été synonyme de remède ou médicament, l'expression "prendre sa médecine" désigne à l'âge classique l'absorption d'un purgatif.
La purge fut l'un des plus anciens traitements de la folie. Dans cette indication, elle est en France totalement abandonnée dans la première moitié du XIXème siècle.

Le mot « Purgatif » désigne une substance propre à éliminer les humeurs viciées, à en nettoyer l'organisme, à le purifier.

Il existe différents purgatifs :

- les cathartiques, dont certains nettoient le cerveau de la pituite, d'autres évacuent la bile, d’autre l'humeur mélancolique (les mélanogogues, qui éliminent l'humeur noire), etc.

- les émétiques (vomitifs)
- les sudorifiques qui favorisent la transpiration
- les diurétiques ou "apéritifs".

Les purgatifs classiques sont issus du monde végétal :
- les sénés et notamment le séné des prés, qui est la gratiole officinale,
- la scammonée,
- le turbith blanc,
- la rhubarbe officinale,
- le tamarin officinal,
- le ricin, dont les graines contiennent une huile éméto-cathartique, et le plus connu,
- l'ellébore (ou hellébore), plante de la famille des renonculacées.

Il existe également des purgatifs minéraux qui sont préférés aux végétaux par les médecins du XIXème siècle comme le sulfate et tartrate de soude, sulfate et tartrate de potasse notamment.

III) L’ellébore

L'ellébore a été depuis l'antiquité attribuée la vertu de guérir la folie: le nom de cette plante viendrait de « helibar » qui signifie "remède contre la folie".

Généralement et étymologiquement, on attribue le à « helein » de "faire mourir" et « bora » à "la nourriture qui fait périr", en référence à l'extrême toxicité de la plante (qui a été à l'origine de graves accidents)...

Son infusion déterge les anciens ulcères insensibles et arrosés d'un pus ichoreux; elle détruit quelquefois la rache rebelle à l'action des autres remèdes; pulvérisée, elle excite avec promptitude l'éternuement si fort & si souvent répété, qu'il survient des accidents très fâcheux.

IV) Les pèlerinages

L' « hagiothérapie » repose sur un présupposé : l'attribution à un saint -ou une sainte- d'un pouvoir thaumaturgique. Le saint est invoqué pour obtenir par son intercession auprès de Dieu la guérison d'une maladie.
Dans le domaine des troubles mentaux, cette méthode a représenté le concurrent principal de la médecine, du Moyen Âge à la fin de l'Ancien Régime, voire dans quelques cas jusque dans le courant du XIXe siècle.
Plusieurs de ces saints sont les héritiers de pratiques païennes.
Certains peuvent être qualifiés de probatoires, en ce qu'ils ont fait leurs preuves pendant leur vie terrestre.
Et très nombreux sont les saints dont les reliques ont été conservées, et déposées en un lieu de pèlerinage, où des guérisons se sont produites.
Ainsi, l'hagiothérapie se pratique généralement dans le cadre d'un pèlerinage, en le lieu où sont conservées des reliques et/ou se situe une source ou fontaine miraculeuse.
Le pèlerin est astreint à une neuvaine: le rituel, souvent très codifié, dure neuf jours.
Mais il a pu se faire que l'état de l'intéressé ne lui permette pas de s'y astreindre : la neuvaine était alors, en son nom, effectuée par une autre personne.
Aux saints invoqués dans les maladies mentales à proprement parler, ont été ici ajoutés ceux qui l'ont été contre l'épilepsie.
Exemples de saints : saint Acaire, saint Adelphe, sainte Aldegonde, saint Amable, saint Avertin, saint Bernard, saint Bertaud…

V) Transfusion

Petite anecdote de 1667 : Elle appartient plus aujourd'hui à l'histoire de la transfusion sanguine qu'à l'Histoire de la psychiatrie.

En transfusant le sang d'un veau à un homme (transfusion entre espèces différentes, ou xéno transfusion) atteint d'une folie invétérée, de tenter de le guérir; cette opération est donc bien un essai « thérapeutique ».
L'expérience se déroula à Paris, en présence de M. le comte de Frontenac et de M. l'abbé de Bourdelot, au cours d'une séance de l'«Académie Montmorienne» fondée par Henri-Louis Habert de Montmor.
Le sujet de l'essai et sa future victime, Antoine Mauroy, était âgé d'environ 34 ans (ou bien Saint-Amans, âgé de 45 ans). La transfusion eut lieu en l'hôtel de Montmor.
Le principal expérimentateur se nomme Jean-Baptiste Denis (né vers 1640, mort en 1704) : docteur de la Faculté de médecine de Montpellier, il est conseiller, médecin ordinaire du roi.
Il est assisté par Emmerets chirurgien.
«C'est en 1662 que Moritz Hoffmann avait suggéré la transfusion sanguine comme remède à la mélancolie. Quelques années plus tard, l'idée a obtenu assez de succès pour que la Société de Philosophie de Londres projette de faire une série d'expériences sur les sujets enfermés à Bethleem; Allen, le médecin chargé de l'entreprise, refuse. Mais Denis la tente sur un de ses malades...»
La mort de Mauroy est en fait causé par une hémolyse intra vasculaire massive (avec son hémoglobinurie, responsable de la coloration des urines), ayant très certainement causé une insuffisance rénale aiguë mortelle.
Mais, curieusement, la mort d'Antoine Mauroy ne survint qu'après la troisième transfusion, faite à distance des deux premières.
Denis, mis en cause, accusa la femme de la victime de l'avoir empoisonné avec de l'arsenic : Mauroy lui-même en était convaincu, et l'avait confié peu avant sa mort à son médecin. Mais la femme s'en défendit, admit qu'elle avait bien fait ingurgiter quelque chose à son mari, mais affirma qu'il ne s'agissait que de « poudres de Claquenelle qui passaient pour excellentes dans pareils cas ».
L'affaire entre Denis et la veuve Mauroy en resta là. Mais elle avait fait grand bruit, et le Parlement de Paris (une cour de justice) prit le 10 janvier 1670 un Arrêt qui défendit « à tous Médecins et Chirurgiens d'exercer la transfusion du sang, sous peine de punition corporelle ».
En 1821, le risque d'hémolyse n'était pas encore connu, et l'interdiction était toujours en vigueur: le caractère létal de la xéno transfusion ne fut établi -par Landois et Muller- qu'en 1873, et l'existence de groupes sanguins chez l'homme -par Karl Landsteiner- en 1900.

VI) La boulepsithérie

Aussi appelé ou traitement de l'épilepsie par un séjour prolongé dans une étable à vaches.

VII) Le piano à chats

Dans la Musurgie, un artiste imagine un piano à chats pour dissiper la mélancolie d’un prince. Cet instrument était constitué de chats sur lesquels on reliaient la queue au clavier et en jouant on tiraient sur leur queue produisant ainsi divers gammes de notes (par des miaulements différent car les chats différaient par leur sexe, leur âge…).

Il n’a probablement jamais été commercialisé (ou vraiment construit ; seulement en petit nombre réservé pour la haute société).

4 commentaires:

Anonyme a dit…

source:http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/piano.htm

Anonyme a dit…

Hello. This post is likeable, and your blog is very interesting, congratulations :-). I will add in my blogroll =). If possible gives a last there on my site, it is about the CresceNet, I hope you enjoy. The address is http://www.provedorcrescenet.com . A hug.

Anonyme a dit…

Tiens Will pour le soin avec les vaches: je t'ai trouvé deux vieux bouqins qui en parlent...
http://books.google.fr/books?id=wYtu7vXpqZgC&pg=PA323&dq=vaches+%C3%A9pilepsie#PPA323,M1
et
http://books.google.fr/books?id=0cfrzc4EEKQC&pg=PA423&dq=vaches+%C3%A9pilepsie&as_brr=1
et celui là qui apparement donne l'origine de la découverte...
http://books.google.fr/books?id=husHAAAAQAAJ&pg=RA1-PA61&dq=vaches+%C3%A9pilepsie&as_brr=1#PRA1-PA61,M1


et ça c'est pour moi...
http://books.google.fr/books?id=fDEAAAAAQAAJ&pg=PA134&dq=mitchell+hyst%C3%A9rie&as_brr=1#PRA1-PA669,M1

Anonyme a dit…

La totalité du contenu de cette page (non seulement le Piano à chats, mais aussi les dessins de Meunier, la Boulepsithérie...) a été copiée sur le site Histoire de la Psychiatrie en France, sans l'accord de son auteur ni référence. Est-ce l'usage sur ce site de piller les autres?
http://psychiatrie.histoire.free.fr/