30 mars 2008

C'est fini !

Je tenais tout particulièrement à remercier ma famille : ma mère, ma peluche chien et mes trois guitares pour m'avoir permis de tenir le coup pour ce TPE. J'voulais remercier Krouchinougestah Vifpleinchurnoss le pianiste manchot du Kirghizistan ainsi que tout ceux qui nous ont accompagné dans notre tâche (c'est pour vous dire que la liste est vite faite).

ADIEU LE TPE, JE NE T'AI PAS AIME ET JE TE VOIS PARTIR AHAHAHA

Un dénommé Vladimir Tervojka

PS : Notre TPE est aussi disponible sur le Site du TPE sur les Maladies Mentales !



Bon vent ! Et n'oubliez pas les BANANES !! YEEEEHEEEE !!


free music

24 mars 2008

END END END END

C4EST ENFIN FINI ET LE BLOG DISPARAÏTRA

YOUHOUHOU

5OH MERDE ENCORE LE FRANCAIS? BON BAH "LE CAUCHEMAR CONTINUE" (SUR Xbox360 AVCE RESIDENT EVIL IV)

^^

20 mars 2008

Deuxième partie -> for the oral

Quelques petites modifs mais j'tombe de sommeil, on reprend ça demain au CDI ...

I) Situation des aliénés en 1860

En 1860, le département de la Seine (Paris) avait un retard considérable dans la construction de bâtiments pour l’accueil des aliénés par rapport aux autres départements depuis la promulgation de la Loi du 30 juin 1838 (qui dit que : « Chaque département est tenu d'avoir un établissement public spécialement destiné à recevoir et soigner les aliénés, ou de traiter, à cet effet, avec un établissement public ou privé, soit de ce département, soit d'un autre département. »). Il y avait une réelle nécessité à Paris de créer de nouveaux bâtiments pour accueillir les aliénés. Cette nécessité était due en premier lieu à une augmentation de la population asilaire parisienne (qui passe de 2306 en 1836 à 4056 en 1860) et en second lieu à un encombrement et une insuffisance des services hospitaliers parisiens. Girard de Cailleux ayant étudié les résultats des changements après la loi de 1838, dresse à ce sujet un sombre tableau de l’évolution des services d’accueil des aliénés :

"En résumé, le service des aliénés de Bicêtre et de la Salpêtrière est placé dans des conditions qui, relativement bonnes par rapport aux temps antérieurs, sont insuffisantes et appellent des réformes radicales. Les diverses sections consacrées au traitement de ces infortunés, dans les deux asiles, sont défectueuses et trop souvent vicieuses […]. Plusieurs [des quartiers d’hospitalisation] n'offrent aux malheureux qui les habitent ni sûreté ni salubrité. Les dortoirs sont encombrés, les classifications incomplètes. Les agités sont insuffisamment disciplinés, les moyens de contrainte encore trop multipliés, le service médical incomplet, la surveillance difficile et mal organisée et le travail insuffisant. Si la nourriture y est excellente, si le coucher est bon, les vêtements laissent considérablement à désirer et demandent une nouvelle organisation : celle des trousseaux. Déjà, au commencement du siècle, le Conseil Général des Hôpitaux a réalisé un progrès important en éloignant pour toujours des hospices de Bicêtre et de la Salpêtrière les criminels qui y séjournaient. Que l'Administration poursuive son œuvre en séparant encore pour les placer dans des asiles spéciaux, les aliénés, les infirmes et les vieillards. Enfin, il faut à l'aliéné des conditions exceptionnelles de calme, d'espace, de ventilation, de vue, de distraction, de promenades, de travail, de traitement que n'offre pas le séjour dans une grande ville, et que peut seul présenter un établissement spécial. C'est à dire que je considère Bicêtre et la Salpêtrière comme étant impropres au service des aliénés, et que je conclus à l'organisation de ce service dans des asiles nouveaux, créés en vue de cette destination spéciale."

Enfin, il y’avait le problème des contrats avec les asiles départementaux. En effet, les hôpitaux français surchargés envoyèrent une partie de leurs malades dans d’autres hôpitaux. Mais, on a vite remarqué que le taux de rémission était plus faible dans le cas où les malades étaient séparés de leur famille et leurs amis. En effet, on a remarqué qu’entre 1844 et 1859, sur 3267 aliénés envoyés en province, 168 (soit 5%) des malades sont sortis, alors qu’à Paris dans le même laps de temps, sur 23 051 malades il y a eu 11 185 sorties, soit 48,5% (comportant 7348 guéris). Autres problèmes, dans la quasi-totalité des 16 asiles avec lesquels Paris avait contracté un contrat en 1863, il n’y avait aucune classification des malades, tous les types étaient confondus, et il y’avait une trop grande proportion de malades dits malpropres.

Grâce aux circonstances favorables des années 1850 et 1860, qu’ont été une stabilité politique, une expansion économique importante, et une époque de grands travaux dirigé par le baron Haussmann, préfet de la Seine, ont permis le développement de solutions face aux problèmes ci-dessus, ainsi que ceux relatifs aux mauvais traitements des malades. En 1853, Eugène Haussmann accède au poste de préfet de la Seine et 7 ans plus tard, il créé le poste d'Inspecteur Général du service des aliénés de la Seine, et y nomma Girard de Cailleux.

17 mars 2008

Premiere partie finie

Sainte Anne :
Plan (en 4 parties ? ou en parties par 4 ?)
Notes
L’HP Sainte-Anne est un symbole en France : « se faire enfermer à Sainte-Anne »…
L’HP a son nom depuis 1651 qui vient de sa fondatrice.
« Après l'abandon de différents projets -construction d'un pensionnat puis d'un quartier de sûreté- Sainte-Anne est le lieu de création de la première Chaire de Clinique de Pathologie mentale et des maladies de l'encéphale, tentative d'institutionnalisation de l'enseignement clinique qui fait déjà le renom de l'établissement.
La variété des sujets abordés illustre la diversité des vocations de Sainte-Anne, lieu de rencontre et de confrontation qui en fait sa richesse. »
Histoire :
Au XIIIème siècle, MARGUERITE DE PROVENCE (1221-1295), veuve de Saint Louis, ouvre une maison de Santé destinée à recevoir les pestiférés. Ce premier établissement dont il ne reste aujourd’hui aucune trace fut construit sur l’emplacement de l’actuel de la prison de la Santé.
A la fin du XVIème siècle, on décide, après les grandes épidémies de peste, lèpre, variole, grippe, scorbut, zona… la construction d’un nouveau bâtiment afin d’isoler les contagieux.
« (1) A ce propos, Hohl cite dans sa thèse sur "les pestes et les hôpitaux parisiens au XVIème siècle" ce curieux document qu'est l'ordonnance du prévôt de Paris du 31 juillet 1596, qui indique que les pestiférés devaient être renfermés "en l'une des prisons qui pour ce faire sont ordonnez, l'une sur la porte de Montmartre, l'autre sur les vignes, faulxbourg Saint Marcel , pour estre rigoureusement puniz et chatiez comme perturbateurs du repos et sancté de la ville. »
En 1596 puis lors de la pandémie de 1606, sous le règne de Henri IV, la Ville de Paris achète dans le quartier Saint Marcel plusieurs maisons afin de créer un hôpital ou les contagieux seraient enfermés définitivement. La (3) alors trop encombré.
Rapidement, la Maison Saint Marcel qui avait été cédée à l'Hôtel-Dieu, ne fut plus utilisée que pour héberger des vagabonds étrangers, et des "pauvres enfermés".
Anne d'Autriche souhaite en 1645, racheter la Maison de Santé Saint Marcel afin de la faire déplacer car situé à cotée du Val de Grâce, celle-ci la dérangeait.
L’année suivante ondécide de l’emplacement dans le faubourg Saint Jacques, en 1651, naît l'hôpital Sainte-Anne en l’honneur de la Reine régente Anne d'Autriche. Les bâtiments du faubourg Saint Marcel furent donnés à des religieuses.
Les travaux commencent et en 1656 le pavillon d'entrée, la clôture et le cimetière sont terminés. Dès 1678 on souhaite y placer les "femmes débauchées" alors même que les travaux ne sont pas terminés
Au XVIIIème siècle, Sainte-Anne n'était plus qu'une grosse ferme. On y entrepose des lits et des provisions en cas d’épidémie. C’est ce qui arrive en 1767. La grave épidémie de Scorbut qui se déclare en avril de cette année oblige l'Hôpital Général général à envoyer les contagieux à Sainte-Anne. Mais très vite, on s’aperçoit que la majeure partie des personnes enfermées ne sont absolument contagieuses, mais qu’il s’agit de malades mentaux.
P10
A la fin de l'Ancien Régime, Sainte-Anne n'avait donc à peu près jamais servi à l'hospitalisation des contagieux, tous les efforts s'étant portés sur le développement de l'hôpital Saint Louis.
En 1772, de nombreux problèmes dans l’organisation des hôpitaux de paris pousse l'Académie des Sciences L'hôpital à décider une grande réforme. Plusieurs hôpitaux sont construits tandis que d’autres, dont Sainte-Anne sont démolis puis reconstruits. Chacun de ces nouveaux établissements devrait avoir une fonction qui lui était propre. Saite-Anne devrait recueillir les malades mentaux curables. En 1788, alors même que Saite-Anne est démoli (à l’exception des hautes murailles qui l’entouraient), le projet est abandonné à la veille de la révolution.
Ensuite, de nombreux projets furent proposés (plus de 200) pour la construction « d'un lieu de soins et de production de savoir, utile et rentable. »
Vingt ans plus tard, est installée sur le terrain, la Laiterie Sainte-Anne, qui devrait subvenir aux besoins en lait des autres hôpitaux de paris.


LA FERME SAINTE-ANNE (1833-1863)
En 1833, après que cette laiterie fut déplacée à la campagne, Guillaume-Marie-André Ferrus (1784-1861), médecin chef à l'hôpital de Bicêtre, décide de soigner les aliénés par le travail aux champs. C’est le véritable début de la « ferme Sainte-Anne » qui durera 30 ans. On a en effet considéré que ce vaste lieu était, notamment grâce à ses hautes murailles, parfaitement adapté à l’application de cette méthode de soin. En 1837, il y a 70 aliénés avec 3 surveillants. Les hommes exclusivements travaillent aux champs, les récoltes sont abondantes. En 1846, on construit une porcherie. Bientôt, le travail agricole n’est plus suffisant car les aliénés atteignent le nombre de 200 et l’on installe une blanchisserie.

[Un auteur anonyme (1) vante ainsi les mérites médico-économiques de l'expérience quelques années après son début: " Une ferme des hôpitaux de la plaine de Montrouge, la ferme Sainte-Anne, vint à vaquer. Les fous la prirent à loyer, ou plutôt l'administration la confia exclusivement à leurs soins. Dès ce moment, ce terrain sablonneux, ingrat, qui payait si mal les soins des premiers cultivateurs, prospèra et chaque jour il rapporta davantage, à tel point que l'administration voudrait encore agrandir cette ferme, afin d'y employer un plus grand nombre de fous travailleurs.
(1) "pièces manuscrites relatives à Gentilly conservées à la mairie d'Arcueil" notice historique sur Gentilly (département de la Seine 1906).]

[en 1833, les produits de Sainte Anne ne montaient pas à plus de 1957,68 f.; trois ans après, ils s'élevaient à 15 369,38f; ils étaient de 38 328f en 1838 et de 51 349f en 1841."]
Mais il subsiste quelques problèmes. En effet, les bâtiments sont insuffisants et il faut attendre 1860 pour qu’un véritable personnel médical s’installe vraiment.
Mais dès 1862, on décide de supprimer progressivement l’installation pour des raisons économiques. Très vite, il ne reste que la porcherie… Mais c’est le baron Haussman qui dans son projet de réformer les services des aliénés de la Seine, achèvera de supprimer la ferme saite anne en choisissant le site pour y installer l’asile clinique.

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Commentaires: On voit que les raison économique ont été les plus fortes alors que la méthode était très satisfaisante. En effet, les malades étaient très contents de travailler et il n'en manquait jamais un seul à l'appel. C'était une forme d'integration dans la societé, peut-etre qu'on leur donnait aussi un certaine part de responsabilités d'où un bien être.

16 mars 2008

Cinquième partie règlement intérieur, dispositions et applications

A noter les mots en gras (pour ceux qui ne veulent pas lire)
(certains mots sont à négliger:trouvez les, c'est juste une petite pause)

CINQUIÈME PARTIE
L'ASILE CLINIQUE
ORGANISATION GÉNÉRALE
RÈGLEMENT INTÉRIEUR ET VIE QUOTIDIENNE

"Un seul aphorisme peut résumer toutes ces considérations préliminaires sur le traitement moral, établir un ordre constant, et une régularité invariable dans tous les rouages de la maison. Cette régularité doit être aussi rigoureuse que le mouvement d'une horloge, qui une fois montée, se meut et marche sans interruption."
S. Pinel : Traité complet du Régime Sanitaire des Aliénés, ou manuel des établissements qui leur sont consacrés. 1836.

Le règlement pour le service intérieur de l'Asile Sainte-Anne promulgué le 6 juin 1868 par Haussmann sera adopté par les deux asiles "extérieurs" de la Seine, Vaucluse et Ville-Evrard. Conforme au modèle annexé à l'instruction ministérielle du 20 mars 1857, il reprend les dispositions essentielles de celui de la Maison de Charenton de 1814, œuvre de Royer-Collard et de Roulhac-Dumaupas, juriste, dispositions qui sont la substance des règlements des hôpitaux psychiatriques jusqu'à nos jours : conditions des admissions, des séjours et sorties des malades, fonctions des Directeurs et médecins et leurs rapports avec les commissions de surveillance, statut des personnels, organisation générale de l'asile et de la vie quotidienne, etc...
Ce règlement est le modèle de 1868, et la suite présente des dispositions et leur application à Sainte Anne



II) REGLEMENT POUR LE SERVICE INTERIEUR DE L'ASILE SAINTE-ANNE
DESTINATION DE L'ETABLISSEMENT


ART. 1: […] Le nombre des aliénés admis dans l'asile ne pourra excéder 600 (300 hommes et 300 femmes).
ART. 2: Tous les aliénés de l'asile, sans exception, sont soumis au même régime.

Personnels

ART. 32: Aux termes des arrêtés préfectoraux des 4, 25 février et 11 mars 1867, le personnel du service médical est composé ainsi qu'il suit:
2 médecins, un pour la division des hommes, l'autre pour la division des femmes;
1 pharmacien;
2 internes titulaires en médecine;
2 internes suppléants;
2 internes titulaires en pharmacie;
2 internes suppléants.
ART. 33: Les sœurs gardiennes du service des femmes et préposées à la surveillance en chef du service des hommes, les gardiens particuliers du service des hommes, sont chargés d'exécuter les ordres des médecins dans tout ce qui se rapporte aux soins à donner aux malades.
ART. 34: Les internes sont nommés par le Préfet sur la présentation du
Directeur et du médecin de service; les internes titulaires doivent être âgés de 21 ans et avoir au moins 10 inscriptions.
ART. 35: La révocation des internes peut être demandée au Préfet soit par le Directeur, soit par les médecins ou le pharmacien pour les internes placés dans leur service respectif.
Le Directeur, lorsque la révocation est demandée par un des médecins ou par le pharmacien, le médecin ou le pharmacien lorsqu'elle est demandée par le Directeur, sont appelés à donne~ leur avis.
La commission de surveillance est toujours entendue.

MEDECINS

ART. 38: Chaque médecin, pour sa division, désigne, de concert avec le Directeur, les aliénés qui peuvent se livrer à des travaux intérieurs.
Il veille à l'accomplissement de toutes les obligations imposées aux élèves internes.
Il s'assure que les employés et gens de service ont pour les aliénés et les malades les égards convenables.

ART. 39: Il visite chaque jour les aliénés de sa division. Il est accompagné dans cette visite qui commence du 1er avril au 30 sept. A 7 heures du matin et du 1er octobre au 31 mars à 8 heures du matin, par les élèves internes et les gardiens chefs de chaque division.

ART. 40: Il tient ou fait tenir, au moment de sa visite les cahiers de visite, le cahier de pharmacie et le cahier des notes pour les observations.

ART. 41: Les cahiers de visite sont divisés en deux séries, l'une pour les jours pairs, et l'autre pour les jours impairs.
Le nombre des cahiers de visite est égal à celui des divisions de l'établissement.
Ces cahiers indiquent nominativement pour chaque malade admis à l'infirmerie, les prescriptions alimentaires et les prescriptions pharmaceutiques et médicales de toute espèce.
Immédiatement après la visite de chaque division, le cahier signé par le médecin est transmis à l'économat d'où, après le dépouillement des prescriptions alimentaires, il est renvoyé dans l'infirmerie à laquelle il se rapporte.

ART. 46: Les médecins ne peuvent s'absenter plus de 24 heures sans l'autorisation du Directeur, et plus de 48 heures sans un congé du Préfet.


CHIRURGIEN

ART. 47: Le traitement des maladies chirurgicales est confié aux médecins, qui, toutefois, pourront appeler, pour le cas où ils le jugeront nécessaire, un chirurgien désigné par le Préfet.

PHARMACIEN

ART. 48: Il fait les propositions relatives à l'approvisionnement de la pharmacie; il vérifie la qualité des substances pharmaceutiques au moment de leur réception; il prépare et distribue les médicaments avec l'aide de ses élèves.

ART 49: Dans la préparation des médicaments les plus usuels, il se conforme, pour la proportion des substances médicamenteuses et des substances édulcorantes, aux règles tracées dans un formulaire concerté entre les médecins et approuvé par le Directeur.
ART 51: En dehors du cahier de visite, le pharmacien ne délivrera de médicaments que sur des bons nominatifs individuels signés par les médecins de l'établissement, tant pour l'usage des aliénés que pour l'usage du personnel secondaire logé dans l'établissement.

ELEVES INTERNES

ART 55: Les internes titulaires en médecine secondent le médecin de service dans ses fonctions.
Ils sont chargés de faire la 2ème visite du soir, qui a lieu chaque jour à 4 heures.

ART 56: Le service des internes en médecine comprend:
1o L'assistance à la visite du matin et la 2e visite du soir.
2o La tenue des cahiers de visite ou du cahier des notes pour les observations.
3o Les pansements.
4o La rédaction des observations individuelles.
5o Le service de garde pendant 24 heures.
6o L'administration des douches et la surveillance des bains d'affusion.
7o L'exécution des prescriptions médicales qui ne peuvent être confiées aux gardiens.
8o La constatation des décès.

ART 57: Le service des internes en pharmacie comprend:
1o L'assistance a la visite du matin.
2o La tenue des cahiers de pharmacie.
3o La préparation des médicaments sous la surveillance du
pharmacien.

ART 58: Les internes, tant en médecine qu'en pharmacie, ne pourront pas s'absenter simultanément de l'asile. Conformément à l'art. 54, un service de garde sera institué pour les élèves en médecine. L'interne de garde ne pourra se faire remplacer par son collègue sans l'autorisation du médecin dans le service duquel il est placé, approuvée par le Directeur; sous aucun prétexte, il ne peut sortir de l'enceinte de l'établissement pendant toute la durée de sa garde.

SURVEILLANTS ET SURVEILLANTES

ART 61: Le service de surveillance est continu, et ne peut, en aucune circonstance, être interrompu ni le jour ni la nuit.
En conséquence, les gardiens et gardiennes habitent les divisions le jour et la nuit; ils ne peuvent les quitter le jour, même aux heures des repas qu'en assurant la présence de huit gardiens ou gardiennes par division.

ART 65: La supérieure et, sous son autorité, le surveillant de la division des hommes sont spécialement chargés de maintenir le bon ordre et la discipline, d'assister à la distribution des aliments et de veiller à ce qu'elle soit faite conformément au cahier de visite;
D'assister à la distribution des médicaments et de veiller à ce que les malades les prennent en temps utile;
D'assister aux communications des visiteurs avec les malades et de veiller à ce qu'il ne soit remis à ces derniers, ni comestibles, ni instruments tranchants ou piquants, ni aucun autre objet, sans l'autorisation écrite du médecin de service.

ART 68: Il est expressément défendu au surveillant et à la supérieure, ainsi qu'aux gardiens et gardiennes, d'infliger aux malades quelque punition que ce soit et de changer les conditions du régime qui leur est attribué par le règlement ou qui leur est prescrit par le médecin.

ART 69: Tout gardien ou gardienne convaincu d'avoir maltraité un aliéné, est révoqué, sans préjudice des poursuites judiciaires qui pourraient être exercées.
Le Directeur doit immédiatement le suspendre et lui interdire l'entrée des quartiers d'aliénés, jusqu'à ce qu'il ait été statué par le Préfet sur la proposition de révocation.

SERVICE RELIGIEUX

ART 70: Le service religieux est confié à un aumônier.

ART 71: L'aumônier célèbre la messe tous les jours, les vêpres, salut et exercices d'usage dans l'établissement, tous les dimanches et jours de fêtes.
L'heure de la messe est fixée à 9 h et demie pour les dimanches et jours de fêtes, à 6 h. pour les jours non fériés.
Il administre les secours spirituels aux malades ainsi qu'aux fonctionnaires employés et gens de service qui les réclament.

ART. 73: La liste des aliénés qui peuvent être admis aux offices est dressée par les médecins de service. Les deux sexes doivent être complètement séparés dans l'intérieur de la chapelle.

ART. 74: Avant de communiquer avec les aliénés, l'aumônier doit prendre, près du médecin, les indications nécessaires.

REGIME ALIMENTAIRE

ART. 83: Le régime alimentaire est commun à toutes les personnes nourries dans l'asile, sauf les exceptions autorisées par les arrêtés préfectoraux.
Les sous-employés et les élèves nourris pourront recevoir un supplément de vivres déterminé par le règlement sur le régime alimentaire.

ART. 84: Le régime alimentaire est gras les dimanches, lundis, mardis, mercredis, jeudis et samedis; maigre le vendredi de chaque semaine.
Aucune abstinence ne peut être imposée aux aliénés. Cette abstinence ne peut être autorisée que sur la demande des aliénés et avec l'autorisation écrite du médecin de service approuvée par le Directeur.

(Pendant le carême, il peut y avoir, sous les mêmes autorisations, un jour de maigre de plus.
Tous les repas sont pris en commun et dans les réfectoires sauf le cas où, selon la prescription du médecin, certains aliénés devront manger isolément; ce cas sera toujours exceptionnel.)

Il est interdit à tous employés ou serviteurs d'emporter du réfectoire quelque aliment que ce soit, pour les consommer ailleurs ou les partager avec d'autres personnes.
Toute vente ou cession d'aliments à l'intérieur ou à l'extérieur de l'asile est également prohibée.

ART. 85: L'heure des repas est fixée ainsi qu'il suit:
Premier repas: 7 heures du matin en été et 8 heures en hiver.
Deuxième repas: 11 heures du matin.
Troisième repas: 5 heures du soir.
Le repas des gardiens qui, par la nature de leurs occupations, ne peuvent pas manger avec les aliénés, est servi une demi-heure après celui des malades.

COUCHER, HABILLEMENT ET MESURES DE PROPRETE

ART. 87: Les objets d'habillement et de literie sont changés ainsi qu'il suit:
Les chemises, mouchoirs, bas, chaussettes, bonnets, tabliers, deux fois par semaine;
Les bonnets de nuit, cravates, tous les huit jours;
Les draps de lit, taies d'oreiller, pantalons de toile, tous les quinze jours;
Les pantalons, gilets, vestes d'étoffe, jupes, jupons, camisoles, tous les deux mois;
Les souliers, sabots, chapeaux, toutes les fois qu'il est nécessaire.
Le vestiaire et les couvertures d'hiver sont distribuées le 15 octobre; le vestiaire et les couvertures d'été le 15 mai.

ART. 88: Les objets détruits ou souillés par les agités ou les malpropres sont renouvelés chaque fois qu'il est nécessaire.

ART. 89: Des dispositions sont arrêtées par le Directeur pour que tous les aliénés prennent au moins un bain par semaine.

ART. 90: Chaque aliéné a pour son usage privé deux peignes.
Deux fois par semaine on fait la barbe aux hommes et tous les mois on leur coupe les cheveux.

TRAVAIL

ART. 91: Le travail est institué dans l'asile comme moyen de traitement et de distraction pour les malades.

ART. 92: Le travail comprend:
1° La participation aux soins du ménage et aux travaux de services généraux;
2° Les travaux de culture, de jardinage et de terrassement;
3° Les travaux de couture et de blanchissage;
4° Les travaux relatifs à l'entretien des bâtiments et du mobilier;
5° Travaux divers.

OCCUPATIONS INTELLECTUELLES

ART. 99: Des occupations intellectuelles et des distractions au moyen de jeux, de lectures à haute voix, d'exercices de musique, de prêts de livres etc. sont assurées aux aliénés qui y prennent part sur la désignation du médecin de service, et lorsqu'il s'agit d'exercices corporels sous la surveillance des gardiens et gardiennes.
Il est interdit aux aliénés de jouer de l'argent.

ART.100: Les aliénés qui sont reconnus avoir l'habitude du tabac pourront en recevoir gratuitement.
Aucun aliéné n'est autorisé à avoir à sa disposition le moyen de faire du feu.
Il n'est permis aux aliénés de fumer qu'à des heures déterminées, au moment des récréations et sous la surveillance des gardiens.

VISITES ET SORTIES

ART.103: Les visites se font au parloir sous la surveillance des gardiens; dans les cas exceptionnels de convenance ou de nécessité reconnues par le médecin de service et le Directeur, elles peuvent se faire dans les infirmeries et dans les quartiers.

ART.104: Les visites ont lieu les jeudis et les dimanches de chaque semaine de 1h. à 3 heures.
La visite peut être limitée à un temps déterminé par la permission du médecin.
Elle doit cesser immédiatement lorsqu'elle a pour effet d'agiter le malade.

EMPLOI DE LA JOURNEE

ART.105: Les aliénés se lèvent du 1er mai au 1er octobre à 6heures du matin et du 1er octobre au 1er mai à 7 heures.
Ils se couchent à 8 heures du soir en hiver et à 9 h. en été.
Une demi-heure est consacrée chaque matin, immédiatement après le lever, à la toilette et aux soins de propreté; l'arrangement des dortoirs, l'appropriation des cours emploieront le reste du temps jusqu'au déjeuner.

ART.106: Le travail commence immédiatement après la visite médicale jusqu'à 11 heures.
Il est repris à 1 heure après la récréation qui suit le 2ème repas, jusqu'à 5 heures.

ART.107 : la prière du matin avant le travail, la prière du soir avant le coucher, sont faites à haute voix par le gardien.

PARIS, le 6 juin 1868
LE SENATEUR, PREFET DE LA SEINE
Signé: G. E. HAUSSMANN

II- ORGANISATION GÉNÉRALE ET VIE QUOTIDIENNE
MÉDECINS ET INTERNES

Ils sont également tenus de résider à l'asile. "Pour que le médecin prenne sur ses malades et son personnel l'autorité nécessaire, écrit Constans en 1874, il ne lui suffit pas d'avoir étudié les maladies mentales, il faut qu'il connaisse les aliénés (ce qu'on apprend qu'en vivant avec eux)...".
Ce propos s'illustre par de si nombreuses citations que nous n'en citerons qu'une, qui ne fait que reprendre l'idée émise déjà par Pinel et Esquirol:
"Nous ne dirons qu'un mot du traitement moral, écrit Constans en 1874, il peut se définir: l'action incessante du médecin sur le malade, action directe pendant les visites qu'il lui fait, action indirecte dans l'intervalle de ces visites, par le personnel de surveillance que le médecin doit tenir absolument dans sa main, et dont toutes les paroles, tous les actes, doivent, pour ainsi dire, être inspirés par lui."
SURVEILLANTS ET GARDIENS

Est sévèrement puni tout manquement à la règle (art. 120), mais plus particulièrement les mauvais traitements infligés aux aliénés (art. 69).

Dans sa "leçon d'ouverture" du 9 février, Dagonet explique aux premiers élèves:
"Vous êtes appelés à donner des soins aux malades, il est donc nécessaire pour vous d'acquérir les notions élémentaires qui vous permettront d'exécuter en connaissance de cause les prescriptions dont vous êtes chargés, et d'appliquer les règles, les principes qui doivent être suivis non seulement pour la conservation de la santé chez l'homme bien portant, mais encore pour assurer chez l'homme malade le retour à la santé. C'est dans ce but que des cours d'anatomie, de physiologie, d'hygiène, de pansements, de petite pharmacie, d'administration, vous seront faits."
Exposant ensuite les grandes lignes de ce que doivent être l'asile et le traitement mis en œuvre, il conclut:
"Il faut que dans un asile d'aliénés l'action médicale soit largement comprise, et se faire sentir partout. Il doit renfermer tous les moyens de traitement moral et physique préconisés par la science, c'est à dire tout ce qui peut apporter une diversion utile aux idées délirantes, tout ce qui contribuera à régulariser des habitudes vicieuses, des actes désordonnés que la maladie est venue déterminer.
L'institution doit permettre d'utiliser les aptitudes les plus diverses, c'est à cette condition que l'asile pourra entrer dans la voie du progrès et dans celle de l'économie.
Il importe surtout que nous ayons des serviteurs dévoués, convaincus, instruits, pénétrés de ces principes pour en assurer l'application; en retour, ils peuvent être certains que leur courage, leurs efforts, leur dévouement seront soutenus, récompensés; l'Administration d'une part, le Conseil Général de l'autre, sont décidés à ne rien épargner pour relever, comme elle le mérite, leur situation, et améliorer leur position.
Ainsi seront assurés la prospérité de nos établissements et le bien-être de nos malades."

LE TRAVAIL

(section 16, art. 91 à 99)

Pinel est le premier à proposer l'application d'un travail mécanique, constant, qui "change la chaîne vicieuse des idées, fixe les facultés de l'entendement en leur donnant de l'exercice, entretient seul l'ordre dans un rassemblement quelconque d'aliénés et dispense d'une foule de règles minutieuses et souvent vaines pour maintenir la police intérieure."
Très peu d'aliénés seront éloignés de cette occupation, "même dans leur état de fureur."
Que le travail soit un des plus puissants moyens de guérison de la folie est une idée partagée unanimement au XIXe siècle. "Ce n'est plus un problème à résoudre, c'est une vérité désormais acquise à la Science." (Girard)
Agent thérapeutique actif chez les aliénés curables, occupation chez les incurables, le travail est aussi indiqué pour des motifs économiques.
A l'asile Sainte-Anne, le travail est institué comme moyen de traitement et de distraction.
Le travail agricole et le jardinage, bien que réduits du fait du manque d'espace, a été organisé rapidement: les terrains situés tout autour des bâtiments et ceux situés rue Broussais et rue d'Alésia y ont été affectés.
Les produits des exploitations sont destinés à la consommation de l'asile (ce qui rassure en partie les malades car ils sont ainsi conscient qu’il travail utile mais ils peuvent également se rendre compte de leurs capacités).
Les "tâches matérielles" constituent l'activité principale: les soins du ménage et les travaux de service occupent un grand nombre de malades; c'est le domaine où la pression directe des gardiens sur les aliénés est la plus nette, avec son caractère de maintien de l'ordre et punitif éventuel.
Les travaux de couture et de blanchissage sont réservés aux aliénées. La plupart des femmes qui travaillent dans la buanderie sont des pensionnaires de l'asile: autour de chacune des auges de pierre que sont les lavoirs œuvrent une trentaine de "folles".
Dans les différents ateliers (cordonniers, tailleurs, serruriers et menuisiers) travaillent les hommes du métier.

DISTRACTIONS ET OCCUPATIONS INTELLECTUELLES
(Section 17, art. 99 et 100)

Au même titre que le travail, les distractions "méthodiques et modérées" doivent faire diversion au délire:
"Un mouvement récréatif ou un travail pénible arrête les divagations insensées des aliénés, prévient les congestions vers la tête, rend la circulation plus uniforme et prépare à un sommeil plus tranquille". (Girard)
Le principe du Traitement Moral veut que seul le médecin ait le pouvoir de désigner ceux qui, parmi les aliénés, y ont droit.
Elles entrent aussi dans le système des récompenses et des punitions.
Plus tard, les distractions seront proposées pour lutter contre l'aliénation asilaire elle-même:
"A la longue, l'Asile produit une dépression qui dépasse la mesure: sa discipline, la monotonie des mêmes occupations, revenant aux mêmes heures, laisse dans les esprits un sentiment de fatigue et d'ennui qui est de nature à réagir défavorablement sur la santé: quatre vingt malades ont visité plusieurs fois l'Exposition; d'autres vont chaque dimanche entendre les musiques au jardin du Luxembourg et au parc de Montsouris, des sorties individuelles sont accordées en grand nombre.
Le dimanche et le jeudi, des réunions musicales ont lieu; ces distractions semblent avoir un résultat plus utile que des représentations théâtrales essayées.
Il est bon d'occuper des intelligences malades, quand même on espère peu leur rendre la raison." (Bouchereau, rapport 1889)

A côté de quelques cours d'instruction élémentaire, un certain nombre d'activités sont proposées aux malades de Sainte-Anne:
- Jeux, de plein air essentiellement;
- Lectures en groupe, à haute voix (surtout pendant les longues soirées d'hiver);
- Accès à la bibliothèque:

Le 24 décembre, le Directeur reçoit une lettre de Bouchereau:
"J'ai pris connaissance d'une liste de livres que vous m'avez transmise, avant d'en commander l'achat et de les mettre à la disposition de nos malades: parmi ces livres, quelques uns sont consacrés à la vulgarisation des découvertes scientifiques contemporaines, ils ont une valeur réelle et méritent toute approbation.
D'autres livres, romans, nouvelles, me sont inconnus, mais je crains qu'ils ne puissent renfermer quelques notions dangereuses de nature à entretenir les conceptions délirantes qui agitent l'intelligence de nos malades.
Certains livres doivent être écartés: œuvres d'Edgar Alan Poe, parce qu'ils ont été conçus durant une période évidente d'aliénation mentale; donc au lieu d'accepter la liste proposée, je suis d'avis qu'il vaut mieux nous adresser à l'Administration supérieure et de la prier de demander soit à Monsieur le Directeur de l'Instruction pour le département de la Seine, soit au Ministère de l'instruction publique communication des livres de prix recommandés aux différents établissements de l'instruction publique: par ce moyen, nous sommes certains d'éviter des choix que nous pourrions regretter. (...)".

Une bibliothèque dont la conservation est assurée par des instituteurs sera donc ouverte aux malades, dont les livres choisis ne risqueront pas "d'exalter la sensibilité, fatiguer la mémoire ou l'intelligence, transporter l'âme dans un monde imaginaire et éloigner de la vie réelle et positive" (Girard).

- Les représentation théâtrales:

La question d'autoriser les pièces de théâtre dans les asiles a été largement discutée; Esquirol écrivait que "les moyens de distraction sont, après le travail, les agents les plus efficaces pour guérir les aliénés; mais qu'on ne compte pas sur les succès des distractions qui exaltent les passions et l'imagination", et Girard conclut "aussi doit-on proscrire les spectacles des asiles".

Dans son rapport de 1874, Constans n'y est pas non plus favorable, mais conseille "des concerts composés de morceaux très simples, faciles à saisir, des séances de prestidigitation, et, de plus, dans les sections de femmes, la danse".

Quelques essais furent tentés au XIXe siècle à Sainte-Anne, sans suite.
L'idée sera reprise beaucoup plus tard, avec plus de succès.

Dans "La Presse" du 22 juin 1905, on peut lire, sous le titre "La fille de Madame Angot à l'Asile Sainte-Anne":

"Comme chaque année à pareille époque, les ouvriers sont en train d'installer dans les jardins de la maison de fous de la rue Cabanis, le théâtre en plein air, véritable théâtre de verdure, aux spectacles duquel, pendant deux mois, les pensionnaires de la maison viendront, les uns comme acteurs, les autres comme spectateurs, chercher l'oubli de leur déchéance morale."

- La musique:

L'utilisation de la musique était déjà systématique dans les asiles d'aliénés, essentiellement les chants sacrés.
"Une fois par semaine, le professeur de musique apprend un chant sacré aux malades dont l'état le permet. Aux époques solennelles de chaque année, les voix de ces infortunés, formées pour la louange du Seigneur, se marient au son expressif d'un orgue, et s'élèvent en chœur dans son temple. Ce langage grave et mélodieux, partant d'une tribune, parle vaguement à leur âme, les impressionne profondément." (Girard)
Il est alors reconnu que la musique et les chants qui accompagnent les exercices du culte ont une influence salutaire sur certains aliénés.

"Le régime alimentaire, dont l'importance est si majeure dans un asile d'aliénés, a été largement tarifié, écrit Girard de Cailleux en 1877.
Prenant en considération la vérité de ce principe proclamé par l'expérience: Sanguis moderator nervorum, l'Administration n'a rien négligé pour satisfaire à cette indication: Bien nourrir le malade."
On estime que, à côté du traitement moral, le régime alimentaire est une part essentielle du "traitement général". Le traitement chimique et l'hydrothérapie ne sont que complémentaires.
"Les repas, au nombre de trois, doivent, dans un hôpital d'aliénés bien administré, être réglés d'avance quant à la quantité et à la nature des aliments et des boissons. Du reste, cette nourriture variera selon les prescriptions particulières du médecin". (Girard, 1843)
"Servis sur de petites tables en marbre disposées pour huit couverts, les malades, groupés selon l'ordre sympathique, se font entre eux les honneurs du repas". (Girard)
"L'expérience moderne a prouvé qu'on parvenait, au moyen d'alimentation variée, à modifier profondément l'organisme, à augmenter telle partie aux dépens de telle autre, accroître ou diminuer son énergie fonctionnelle (...)". (Girard, 1843)
Tous les aliénés doivent recevoir une certaine quantité de boisson fermentée, du vin, du cidre ou de la bière.

VETEMENTS

"La question des vêtements vient naturellement après celle du régime alimentaire. Il est nécessaire de donner aux malheureux aliénés des vêtements chauds en hiver, et en été des vêtements frais et légers. Les costumes qui leur sont délivrés doivent être uniformes; cette mesure, qui évite toute distinction, épargne toute susceptibilité, et par conséquent ramène à des idées de calme, d'égalité et de confraternité". (Girard)

MOYENS DE REPRESSION ET THERAPEUTIQUE

"Le trait le plus saillant de la folie étant le désordre physique et moral, puisque c'est par là qu'elle se traduit, la tendance thérapeutique la plus constante et la plus uniforme doit être le rétablissement de l'ordre dans l'exercice des fonctions et dans celui des facultés.
Cet ordre, invariable au physique comme au moral, rompt avec les habitudes vicieuses du système organique et nerveux, lutte sans cesse contre les instincts, les sentiments pervertis, les associations d'idées erronées ou bizarres, et ramène sans relâche un équilibre nécessaire entre les diverses fonctions, les différentes facultés dont le jeu harmonique constitue la santé.
C'est pour obtenir ce résultat que la thérapeutique, puissamment aidé par l'hygiène, met toutes ses ressources à la disposition du médecin." (Girard)

Opposer l'ordre au désordre, combattre l'agitation par le calme, telles sont les données fondamentales sur lesquelles repose le principe du traitement moral, dont l'action doit être incessante.
Le médecin, seul, personnage bienveillant et ferme, voire répressif, dispose de quelques moyens pour soumettre, donc traiter, le malade récalcitrant: à côté du traitement préventif que constituent l'exercice en plein air et le travail, il peut user:
- en premier lieu, de la simple réprimande,
- de la suppression du tabac, de la lecture,
- ou de celle des permissions et des promenades
- la séquestration en cellule est une mesure plus rare, mais reconnue comme indispensable pour certains aliénés.
A Sainte-Anne, il n'y a que neuf cellules par division, pour environ 300 aliénés.
Le malade agité peut y être totalement isolé; la cellule est éclairée jour et nuit: le jour grâce à la fenêtre qui donne sur le préau, la nuit par un bec de gaz au dessus de la porte, derrière un verre dépoli.
Quand le traitement l'exige, un volet manoeuvré de l'extérieur peut rendre la cellule subitement obscure.
Chaque cellule, toute en bois, comprend un lit rivé au sol, et un siège d'aisance. Les murs de l'une d'elles sont recouverts d'un matelas de cuir jusqu'a 2 mètres de haut: elle est réservée aux "fous furieux".

- Les douches et les bains, sont prescrites par le médecin et exécutées par les élèves-internes, ou par lui-même.
Les douches froides ne sont déjà plus qu'exceptionnellement utilisées comme moyen sédatif.
Par contre, les bains tempérés prolongés (de une à six heures) sont administrés aux agités, dans des baignoires spéciales: un système nouveau remplace les couvercles rigides en bois ou en métal, à l'origine d'accidents: les malades sont maintenus par une toile forte (coutil) qui se fixe avec boutons et courroies sur les côtés de la baignoire.
Les bains peuvent être associés à une irrigation sur la tête, qui seule émerge.
Les douches en pluie sont faites par le médecin dans la piscine; une "gymnastique de chambre", scellée dans le mur d'un large couloir, "permet aux malades qui viennent d'être trempés dans la piscine, ou qui ont subi la douche froide, de faire "leur réaction".

L'insuffisance du système de bains à Sainte-Anne, comme celle du système d'isolement, sera constamment dénoncée par les médecins chefs dans leurs rapports annuels:
"Plus l'Administration voudra mettre à notre disposition de baignoires et de cellules, plus elle contribuera à l'amélioration, à la guérison de nos malades (...). Les bains sont notre principal moyen de traitement." (Dubuisson, 1889)
En 1891, Bouchereau note que "chaque jour, on distribue 46 bains dans la forme suivante: 5 de 6 heures, 5 de 4 heures, 10 de 2 heures et 16 de 1 heure".

- Les camisoles ; le manchon, qui immobilise juste les mains ; les entraves, nouées au dessus de la cheville.

Quant aux agitations bruyantes, comme l'insomnie, elles sont aussi combattues par des agents thérapeutiques chimiques.
Les plus utilisés sont:
- Extrait gommeux d'opium, chlorhydrate de morphine, codéine,
- Teinture de digitale opiacée,
- Hachisch, associé ou non au bromure de potassium,
- Chloroforme en potion,
- Chloral en sirop ou en lavement,
- Bromure de potassium.

PROMENADES, PERMISSIONS ET SORTIES D'ESSAI

Les promenades sont organisées pour les malades calmes; elles font office de distraction, de récompense et sont de plus un bon exercice physique.
Selon le désir des malades et la position du médecin chef, elles peuvent être collectives ou individuelles; Dubuisson écrit, dans son rapport de 1892:

Dès 1874, Constant, Lunier et Dumesnil recommandent les permissions et sorties à titre d'essai, conseillant qu'elles ne dépassent pas un mois.
Les premières permissions ne se concevront qu'accompagnées, par la famille ou par un gardien.
Ces mesures s'étendront, non sans rencontrer une résistance qui viendra plus de l'administration que des aliénistes, comme en témoigne la correspondance adressée au Préfet en 1882 par le directeur de Sainte-Anne (2) :
"Je laisse aux docteurs toute la responsabilité de ces mesures, qui peuvent avoir certains inconvénients; les règlement étant muets à cet égard, je ne puis m'opposer à ces sorties. Je crois cependant qu'elles ne devraient être autorisées que lorsque le malade est confié à sa famille, qui se trouve alors responsable de ses faits et actes."

Cinquième partie