13 décembre 2007

La schizophrénie

J'dois être à la version 2.4 maintenant, c'est puissant :) Grâce aux bonnes remarques de notre ami moustachu :)

I) Définition

La schizophrénie est une psychose délirante chronique, caractérisée par un autisme, une dissociation, un délire paranoïde, et générant une perturbation du rapport au monde extérieur. La schizophrénie a été un des grands problèmes psychiatriques des XIXème et XXème siècles, traitée seulement à cette époque car, longtemps auparavant, considérée comme une simple folie sans distinction spécifique. La schizophrénie se « traitait » avant par sédations violentes, électrochocs, et maintient physique du patient par camisoles ou menottes, plus pour contenir que pour soigner. Aujourd’hui, le traitement par psychotropes ou neuroleptiques, associés dans certains cas encore à des électrochocs, pour mesures d’urgence, est utilisé.

II) Histoire et Symptômes

La notion de schizophrénie est instaurée pour la première fois en 1911 par le suisse Eugen Bleuer. Les 3 aspects fondamentaux de cette psychose sont, l’évolution déficitaire (évolution de la maladie qui coupe le patient petit à petit d’un comportement normal), la dissociation de la vie psychique (étape qui le détache de la réalité) et enfin, l’attitude d’introversion (le patient se crée un monde totalement subjectif où les autres ont tort).
Elle est tout d’abord considérée par l’opinion générale comme une folie. Ensuite, E. Kraepelin modifie le sens de cet état psychologique du sujet, il l’appelle d’abord « démence précoce » puis l’isole des syndromes démentiels. Enfin, E. Bleuler fut le premier à caractériser la maladie du terme schizophrénie, mot venant du grec (littéralement : schizo, fendre et phrenos, génitif de phren, l’esprit ou l’âme).

Les symptômes généraux de la maladie ont été trouvés dans la 1ère moitié de du 19èmetenter de définir de nouvelles formes spécifiques.
Première description clinique de la schizophrénie, lancée par le Français Morel en 1860, encourage les découvertes d’autres descriptions anatomo-cliniques de la maladie. Notamment Karl Kahlbaum et E. Hecker qui vont, en 1863, décrire la schizophrénie sous le nom d’« hébéphrénie » (du grec hebe, la jeunesse, et phrenos, l’esprit), ce même Kahlbaum défini une autre phase de la maladie qu’il nome « catatonie » et qui décrit un affaiblissement mental et des troubles de l’activité musculaire (se caractérisant notamment par de fortes tensions musculaires). Enfin, Kraepelin décrit le dernier état, le délire paranoïde, démence tardive du patient, associé à des délires.
Le tout se fait ratifier en 1899, à travers les tableaux cliniques de la maladie regroupés sous l’enseigne de la dementia praecox (démence précoce). Alors que l’hébéphrénie (état déficitaire progressif) et la catatonie (dégénérescence psychomotrice) sont bien définies, le délire paranoïde est très flou car il englobe toutes sortes de thèmes (persécutoires, hypocondriaques, érotiques), qui s’y enchevêtrent. Enfin, en 1906, Kraepelin rajoute à sa théorie l’inaffectivité, affection qui porte plus sur l’affectivité que sur l’intelligence, une coupure au monde extérieur. Le tout s’appelle « le noyau kraepelinien » et sert encore de référence en psychiatrie.
siècle. Les scientifiques de l’époque vont alors découper le terme de démence, vague comme vaste, et vont

Après Kraepelin se succèdent les psychiatres du 20ème siècle, durant lequel la maladie se précise, on ne parle plus d’« affaiblissement démentiel » mais, à présent, de « discordance psychique » pour Philippe Chaslin, d’une « ataxie intrapsychique » (problème de coordination psychique) pour E. Stransky, et une coupure dans le fonctionnement de l’esprit pour Bleuler. D’après Bleuler, l’intelligence, l’affectivité et le comportement sont dissociés (Spatlung). Il publie ses idées dans son célèbre travail, intitulé Démence précoce ou groupe des schizophrénies. Le simple fait d’utiliser le pluriel à schizophrénie sert à dissuader tous ceux qui auraient voulu isoler une entité autonome, il existe plusieurs états schizophréniques selon Bleuler répondant pourtant à une structure identique. En effet, on retrouve deux aspects des états schizophréniques, une partie négative, liée à un processus de dissociation, mais aussi un aspect plus positif qui fait que le sujet peut développer beaucoup d’énergie durant les phases délirantes, un sens artistique accru, ou encore des capacités de travail plus importantes. De plus, à l’aide des travaux de Sigmund Freud, Bleuler a associé la psychanalyse à la psychiatrie, bien qu’il était un psychiatre à tendance organiciste (théorie médicale qui s’efforce de rattacher toute maladie à une lésion matérielle d’un organe).

Ainsi, Charles Brisset nous dit que, « troisième conséquence capitale, la schizophrénie devient une maladie de la personnalité dans son avènement historico-psycho-somato-social », cette nouvelle maladie de personnalité s’exprime dans l’autisme (renfermement sur soi-même et détachement de la réalité entraînant la prédominance d’une vie intérieure et fantasmatique) ou l’ambivalence (contradictions marquées dans les pensées du patient) qui empêche le patient d’établir ses repères psychiques, et le font donc se contredire. Mais selon Bleuler, la schizophrénie n’est pas chronique, il y a parfois des arrêts, des poussées, des rémissions. L’arrivée de la psychanalyse en terre anglo-saxonne favorise l’acceptation du concept bleulérien dans ces milieux, dû à l’exode massif des psychanalystes allemand. Au contraire, en France et en Allemagne on reste à une conception très nosographique et clinique de la maladie, la théorie principale étant que la maladie était due à une anomalie cérébrale. Ces savants ont donc cherché une approche pathologique biologique ainsi qu’une hérédité dans la maladie.
Autre théorie sur la schizophrénie, le groupe des schizoïdes, théorie française des années 1920. En effet, pour les Français Maurice Dide et Paul Guiraud (1922), la maladie est due à une atteinte, innée ou acquise, du centre-encéphale, d’où en découlent l’athymhormie (perte de l’ardeur vitale) et la thymique (ce qui en résulte). En 1924, le Français Henri Claude adopte une position dualiste où le noyau kraepelinien reste la forme typique de la schizophrénie, sans intervention de l’hérédité ; la schizophrénie de Bleuler apparaît donc comme une forme dégradée faisant surface lors d’un choc affectif ou toxi-infectieux important, à partir duquel le sujet de constitution schizoïde (patient schizophrène) cesse de s’adapter au monde extérieur. On parle alors de schizomanie, un refuge total dans l’autisme, pouvant être progressif, et évoluer par bouffées épisodiques. Le stade le plus critique de cette théorie est la schizophrénie, due à une atteinte profonde, mais restant distincte de le démence précoce. Ces trois états, schizoïde, schizomanie et schizophrénie forment le groupe des schizoses, groupe marqué par l’hérédité ou la préposition héréditaire.

Après 1945, la découverte des psychotropes et autres thérapies psycho régulatrices rend les idées de Bleuler obsolètes. Toutes les différentes recherches sur la schizophrénie font éclater le concept en plusieurs réactions.
- Le type caractériel de réaction schizophrénique. Toutes sortes d’auteurs de langue allemande (Bumke, Hoffmann, Luenburger) ont tenté, après Kretschmer, de définir la schizophrénie à partir d’une étude caractérielle du patient. Malgré leurs mérites respectifs, leurs recherches cliniques, comportementales et biologiques n’ont abouti qu’à des résultats paradoxaux. Comme le disait lui-même Bleuler, on ne peut se résoudre à étudier qu’un seul flanc de la maladie, il faut à la fois s’occuper des données somatiques (héréditaires ou acquises) mais aussi des données du passé du patient.
- La réaction schizophrénique au milieu. C’est Adolphe Meyer qui adopte alors au début du XXe siècle cette conception de la schizophrénie. Elle a pour principe de mettre de côté toute la partie scientifique pure, toute les études nosographiques et biologiques, ainsi que les termes de « réaction autistique » et de « conduite de refus ou fuite ». L’étude du milieu s’est axée alors sur le cadre familial et notamment sur les rapports de la mère à l’enfant lors des premiers mois de la vie du patient. L’approche de la schizophrénie remonte donc vers une forme de pédopsychiatrie et de psychiatrie simple grâce à Adolphe Meyer.
- Schizophrénie et « réaction névrotique ». Cette approche consiste à délaisser la schizophrénie pour s’intéresser au schizophrène en tant qu’individu et patient, et non un cobaye. Cette approche renie toute forme d’étude nosographique et clinique, afin de pouvoir étudier chaque cas en profondeur. On s’aperçoit alors que le discours du patient, insensé à la base, prend du sens et sa pathologie s’esquisse à présent sous la forme d’une névrose.
- La réaction schizophrénique aiguë. La schizophrénie aiguë est en fait une réaction post-traumatique des soldats envoyés au front. Ces états sont violents mais guérissent pour la plupart sans récidive.

La schizophrénie est donc un concept qui a beaucoup évolué au fil du temps. Tantôt on s’intéressa à la maladie, tantôt au patient, tantôt on a laissé les aspects cliniques, parfois les aspects psychiatriques. Aujourd’hui, les psychiatres modernes restent sur la théorie d’un certain type de structure et une évolution sur le modèle bleulérien.

III) Soins

Le traitement de la schizophrénie est dit pharmaco psycho social, en effet, le traitement de la schizophrénie se fait en trois parties, pharmacologique avec les psychotropes, psychologique, avec les thérapies et social, car il faut réinsérer le patient dans la société.
Le traitement de la schizophrénie doit être un traitement de prévention pris très tôt. En effet, plus le traitement est pris tard, plus les chances de rémissions sont infimes et la durée du traitement est plus importante. Il est aussi important d'adapter le traitement, si on soigne une deuxième ou troisième rechute avec le même traitement que la première, il sera moins efficace. Autre raison, 10% des schizophrènes meurent en se suicidant, il est donc important de commencer le traitement le plus tôt possible.
De plus, les traitements à base d'antipsychotiques permettent une alternative à un traitement très lourd, et doivent donc être maintenus le plus longtemps possible, car il permet aussi la prévention des rechutes, même un malade jugé remis, se doit de continuer son traitement jusqu'à une stabilisation totale de son état.
Enfin le traitement doit être extrêmement flexible, on ne doit pas brusquer le patient, répondre à ses attentes et adapter un traitement pour lui.

Par rapport à l’hospitalisation, il doit y avoir en premier lieu une prévention du risque suicidaire ou homicidaire, par une surveillance perpétuelle et une suppression des objets dangereux. L’internat est nécessaire dans le cas de psychose aiguë qui ne permet pas au patient de rester en communauté. Il faut ensuite établir un diagnostic après des observations et fournir alors le traitement approprié au malade (dose, posologie, type de médicament).
Pendant la durée de l’hospitalisation, le patient perd ses facultés élémentaires, il a donc besoin d’être assisté pour les gestes quotidiens (pour manger, se laver, s’habiller), il faut de plus une équipe d’encadrement compétente qui puisse nouer des liens avec le patients afin que celui-ci se sente sécurisé et puisse par la suite être plus simple à prendre en charge. Enfin le patient doit être petit à petit coupé de son environnement …
L’univers que crée l’hôpital a des vertus calmantes et sécurisantes pour le patient, c’est un univers limité et disposant de règles précises de fonctionnement. L’objectif de l’hospitalisation est à long terme la diminution de la symptomatologie, une observation du patient et l’attitude à adopter envers lui, l’instauration d’une relation thérapeutique entre patients et médecins et surtout une surveillance du traitement, de son efficacité, et de son évolution.
L’hospitalisation doit se dérouler de la manière suivante, ni trop courte (risque de rechute), ni trop longue (risque de routine et de chronicité). Les soins après le séjour à l’hôpital doivent se prévoir durant l’hospitalisation, pendant les observations, de plus, les mesures d’hospitalisation sous contrainte (sans l’accord du patient) ne doivent être levées qu’à partir du moment où le patient accepte son traitement et va mieux (en règle générale, à sa sortie de l’hôpital).
La prise en charge du patient après son hospitalisation est très importante, elle doit être encadrée par la famille et les proches du patient, le patient doit être informé de sa condition psychiatrique, et le traitement doit s’articuler autour d’un dispositif social comme il doit s’adapter aux capacités et besoins du patient.

Pharmacologiquement parlant …
Le traitement repose essentiellement sur les neuroleptiques, autrement appelés antipsychotiques, ils sont au centre de la prise en charge car sont un des rares traitements pharmaceutiques efficaces pour la plupart des symptômes. Il est important de faire suivre ce traitement car il soigne à la fois les symptômes aigus et prévient les rechutes.
L’arrivée des neuroleptiques en 1952 fut un soulagement pour médecins, patients et familles. En effet, auparavant, seules la camisole physique et la sédation (par barbituriques et antihistaminiques) pouvaient calmer les patients. Enfin, les neuroleptiques on permis d’entrer en contact avec des patients inaccessibles jadis, délirants, enchaînés, ou complètement endormis par les sédatifs. En chiffres les neuroleptiques permettent d’améliorer l’état clinique de 60-75% des patients contre 20-23% pour le placebo, et la poursuite d’un traitement aux neuroleptiques permettent de baisser le taux de rechute à 25% au bout d’un an contre 70% pour le placebo. Mais, lorsque les neuroleptiques sont arrêtés, la plupart des rechutes se produisent dans les 10 premiers mois. En règle générale, ils permettent une baisse de l’agressivité et une nouvelle sociabilité du patient.
Malgré tout, il y a beaucoup d’effets secondaires à ces traitements de chocs, de l’impuissance et la prise de poids, à la rétention biliaire et la mort subite par infarctus.

Il est important avant la prise d’un quelconque traitement neuroleptique, de faire quelques observation pour pouvoir doser le mieux possible. Il faut donc dresser un historique des médicaments pris et de leur efficacité, puis prendre connaissance des médicaments pris actuellement par le patient pour éviter les confrontations entre médicaments pouvant entraîner de graves complications (comme la mort … ça complique en effet). Il faut de plus prendre en compte toutes les complications dont pourrait souffrir le patient (insuffisance rénale ou hépatique, mort par décapitation) à cause de tel ou tel médicament. Il est important de faire quelques tests divers pour connaître l’état physique du patient, un examen clinique est demandé (examen neurologique), une analyse de sang (triglycérides, cholestérol, bilan hépatique), ainsi qu’une surveillance clinique (poids, mouvements anormaux, température, tension artérielle, transit intestinal).

Une bonne observance est aussi nécessaire. En effet, il est important de surveiller le traitement du malade et sa posologie, la conscience des effets du médicament sur le malade est une caractéristique de l’observance chez le schizophrène. Il faut la surveiller durant tout le traitement mais une mauvaise observance ne peut pas être associée aux effets indésirables, car ces derniers interviennent en égales proportions à la fois chez les patients qui ont arrêté et ceux qui poursuivent leur traitement.
Malgré tout, la première cause de rechute reste l’inobservance (une mauvaise observance), 73% des patients voyant leur état empirer et devant être internés ne prend pas leur traitement. On retrouve dans les facteurs de rechute, par inobservance, le défaut d’insight (terme désignant l’état de conscience du malade vis-à-vis de sa maladie), le déni de la maladie, les croyances négatives liées au traitement, l’isolement social, une attitude familiale négative envers le traitement, et le manque d’information qu’a le patient par rapport à sa maladie et aux bénéfices du traitement. Les autres facteurs de rechute sont, quant à eux, une évolution propre de la maladie, des facteurs psycho sociaux, la consommation de drogue ou d’alcool, ou encore des facteurs cliniques. Ces derniers sont nombreux et importants, la posologie du médicament n’est pas à la dose minimum efficace, le traitement n’est utilisé qu’à partir de l’apparition des premiers symptômes non spécifiques de rechute (perte d’appétit, insomnie, anxiété), manière de procéder qui conduit à plus de rechutes, enfin, 20 à 30% des patients traités sont non réceptifs ou partiellement réceptifs aux neuroleptiques.
La dose est importante, il faut préférer une dose standard en début de traitement mais il est recommandable de trouver la dose minimale efficace, car elle est jugée moins dangereuse pour le patient (notamment par rapports aux effets indésirables. De plus la durée du traitement doit être de 1 à 2 ans pour un premier épisode, prolongée en cas de rechute ou de récidive.

Contre toute attente, l’Electroconvulsiothérapie (ECT) est utilisé dans le traitement de la schizophrénie, mais plus de la même manière qu’autrefois. En effet, les neuroleptiques ont montré leur supériorité dans le traitement de la schizophrénie. Par contre, l’ECT peut être utilisé en complément des neuroleptiques (dont la dose aura été diminuée pour éviter les effets indésirables de l’ECT, tels l’amnésie et la confusion) dans certains cas cliniques (trouble schizo-affectif, non réponse aux neuroleptiques, forme paranoïde aiguë avec risque vital). L’ECT permet de potentialiser les effets des neuroleptiques mais ne doit en aucun cas être utilisé en phase chronique, juste en phase aiguë, de plus, ses effets ne sont pas durables. Enfin, un plus grand nombre de séance est nécessaire chez un patient bipolaire (effets notés au bout de 20 séances
On a aussi parfois besoin d’anti-dépresseurs dans le traitement, ces derniers sont toute fois totalement interdits lors d’une phase aiguë, même en cas de symptômes dépressifs. Ils sont par contre bienvenus en cas de symptômes dépressifs, en dehors de la phase aiguë, dus aux neuroleptiques. L’association des neuroleptiques et des antidépresseurs réduirait le risque suicidaire, mais l’observance et la posologie sont très importantes, car il faut éviter les effets délirogène des antidépresseurs.
On retrouve aussi les benzodiazépines pour potentialiser les effets sédatifs des antipsychotiques, permettant d’en utiliser moins et donc de limiter les effets indésirables de ces derniers. La durée de prescription est tout de même limité afin d’éviter les effets indésirables de ces benzodiazépines (dépendance, amnésie antérograde, diminution du tonus musculaire).
Autre élément important dans le traitement schizophrénique, les thymorégulateurs, médicaments psychotropes influençant le comportement. Ils doivent être utilisés dans des états d’excitation délirante atypique, les troubles schizo-affectifs, l’agressivité, et les formes résistantes (au traitement). Il existe trois molécules principales thymorégulatrices utilisées : le valproate, un inhibiteur enzymatique qui peut potentialiser les effets des effets du neuroleptiques (on le retrouve dans le médicament, acide valproïde) ; la carbamazépine, un inducteur enzymatique qui peut ralentir les effets du neuroleptique, de plus il ne doit pas être associé au valproate (sur le marché sous le nom de Carbamazépine) ; et le lithium dont l’association avec la carbamazépine est fortement déconseillée pour cause de forte neurotoxicité (sous le marché sous forme de sels de lithium).

EN GROS : Le traitement de la schizophrénie doit intégrer plusieurs modalités thérapeutiques. Les antipsychotiques sont un des éléments essentiels du traitement, mais pas le seul. Ils ont à la fois un rôle curatif et de prévention des rechutes. Ils doivent souvent être prescrits au long cours. Il faut s’efforcer d’obtenir une prise de conscience minimale quant à l’utilité des médicaments, gage d’observance et d’implication dans le traitement. Enfin, une réinsertion socioprofessionnelle est généralement indispensable.

IV) I break the mythe !

Il est important de faire attention à ce que dit le grand public. En effet, demandez à quelqu’un dans la rue ce qu’est la schizophrénie, il ne vous parlera certainement pas de psychose délirante chronique, mais de dédoublement de personnalité. Cette caractérisation de la maladie est un abus de langage du au fait que personne ne connaît correctement cette maladie (mais bon, tout le monde peut pas faire un TPE d’une telle qualité à ce sujet …). En fait, le dédoublement de personnalité n’est qu’une phase de la schizophrénie qui s’apparente plus à une bipolarité ou une maniaco-dépressivité, dans certains cas. La plupart des gens pensent que le schizophrène a deux personnalités qui cohabitent dans son esprit, mais cela est faux, c’est l’alternance des phases maniaques et dépressive, par exemple, qui donne cette illusion. Cette théorie de cohabitation est plus d’ordre mythologique (mythologie égyptienne antique, par exemple).


La dépression

I) Présentation

La dépression nerveuse est un trouble mental caractérisé par des sentiments de découragement, de culpabilité, de tristesse, d'impuissance ou de désespoir. Contrairement à la tristesse normale ou au chagrin causé par la perte d'un être cher, cette dépression est une tristesse persistante et profonde, sans raison apparente. Elle peut s'accompagner de divers symptômes, comme les troubles du sommeil et de l'appétit, la perte de l'esprit, d'initiative, l’autopunition, le retrait social, l’inactivité ou la perte du plaisir.

II) Formes de dépression

Les principales formes de troubles dépressifs sont marquées par une altération d’humeur. La plus importante, aussi appelée psychose maniaco-dépressive (ou bipolaire), se caractérise par une succession d'accès dépressifs et d'accès maniaques.

Dans cette psychose bipolaire, l’humeur dépressive prédomine chez le patient qui est généralement inconscient de sa tristesse. Le sujet perd tout intérêt pour ses activités et se replie dans l'inactivité. Les symptômes sont des troubles du sommeil (habituellement par des réveils matinaux précoces), une perte de l’appétit, une incapacité à se concentrer et à prendre des décisions, un ralentissement de la pensée et une diminution de l'énergie, un sentiment de découragement, de culpabilité, de désespoir, un désintérêt pour l'activité sexuelle, des pensées suicidaires récurrentes allant parfois jusqu'à la mise à exécution du suicide. L’humeur du sujet peut être exaltée, exubérante ou irritable. Le comportement est bizarre, parfois hargneux. De plus, on, peut parfois remarquer une logorrhée sans fin (flux de paroles), des pensées confuses, des idées de grandeur, une hyperactivité sociale, sexuelle et professionnelle, une grande distraction, une perte du jugement et une diminution du besoin de sommeil.

III) Origines

De nos jours la dépression a toujours été vue comme résultant de l'interaction d'un ensemble de facteurs génétiques, psychologiques, sociaux et biologiques.

A) Prédisposition génétique

La prédisposition aux troubles dépressifs peut être transmise génétiquement. Le risque de trouble dépressif est plus grand dans les familles ayant déjà des antécédents dépressifs que dans le reste de la population. La dépression chez les femmes pourrait être d'origine biologique, ou pourrait être attribuée au fait que les femmes apprennent des rôles sociaux favorisant la passivité. Le plus grand nombre de cas de dépressions enregistrés chez les femmes tient aussi au fait que les hommes se livrent plus difficilement à leur entourage et aux médecins.

B) Origines psychologiques

Les aspects biologiques, cognitifs (mentaux), émotifs et comportementaux du fonctionnement humain sont en constante interaction. Ainsi une modification de n'importe lequel de ces aspects a un impact sur les autres. Lorsqu'une personne est dépressive, elle a tendance à voir la réalité de façon plus négative. En retour, cette interprétation plus négative amplifie les émotions dépressives. Par conséquent, le comportement est également influencé (par exemple par la passivité), ce qui produit un impact sur les pensées et les émotions.

Par ailleurs, la dépression se développe souvent en réaction à un évènement ou une situation générateurs de stress. Cependant, nous ne présentons pas tous la même vulnérabilité face aux différents types de causes de stress. Un évènement « heureux » peut paradoxalement représenter un stress (promotion, mariage, etc.).

C) Origines sociales

L’environnement est fondamental pour le comportement. En effet, si nous vivons mal, dans un environnement pénible (rythme de vie effréné, soucis professionnels et/ou familiaux, chômage, divorce, deuil, isolement, déracinement, déménagement…), l'état de santé est perturbé plus ou moins gravement et plus ou moins longtemps.

Quelques exemples :

-L'enfance est un moment-clé : les personnes ayant subi dans leur enfance la perte de personnes importantes sont davantage sujettes à des dépressions plus tard dans leur vie. L'importance et la qualité du soutien que nous recevons par nos relations interpersonnelles (proches parents, conjoints, enfants, amis...) peuvent nous protéger contre le stress et les tensions de la vie quotidienne, et ainsi réduire les réactions physiques et émotionnelles au stress, l'une d'entre elles pouvant être la dépression.

-L'absence d'une relation étroite, de confiance, augmente le risque de dépression. Les mauvais traitements ou l'infidélité d'un ou d'une partenaire sont des facteurs aggravants.

-Le mariage peut permettre d’éviter le développement de la dépression chez les hommes et les femmes car si les tâches quotidienne sont partagées, alors chacun peut mener une vie plus calme et donc moins tendu.

Cependant, les femmes qui ne travaillent pas et qui restent à la maison pour s'occuper des jeunes enfants sont plus susceptibles de dépression, particulièrement lorsqu’il s’agit de garder des enfants ou s’il existe des problèmes financiers, et le taux de dépression après la perte d'un époux est également accru.

D) Origines biologiques

Pour certaines personnes, la dépression se présente comme une vulnérabilité génétique (transmise héréditairement). Entre autre, on a constaté ces résultats sur des jumeaux qui furent adoptés par des familles différentes ou sur des enfants adoptés issus de parents biologiques dépressifs ou maniaco-dépressifs.

Les gens déprimés présentent différents dysfonctionnements neurobiologiques : l’organisme secrète une quantité anormale de certaines substances, les neurotransmetteurs, ce qui entraîne ce dysfonctionnement.

Cependant, l'aspect physiologique n'est pas toujours la cause de la dépression. Le Dr. Michael Spevack pense, dans on oeuvre Être bien dans sa peau, que nous en sommes parfois la cause : « On sait maintenant qu'il s'agit d'un cercle vicieux où chaque facteur influence et aggrave l'autre : les pensées négatives ont pour effet d'abaisser l'humeur, ce qui entraîne fort probablement un certain déséquilibre dans la chimie du cerveau. En s'attaquant au traitement de l'un ou l'autre de ces facteurs, on peut aider les gens à se sentir mieux. »

IV) Traitement

Dans l'Antiquité grecque, des prêtres jetaient le déprimé à la mer du haut d'une falaise et d'autres prêtres dans une barque le repêchaient. La frayeur a été si grande que le déprimé aurait été guéri de son mal de vivre. D'autres peuples tentaient des exorcismes.

A l’heure actuelle, il existe trois principaux traitements utilisés pendant les épisodes dépressifs et en prévention de la récurrence d'épisodes dépressifs :

A) Les médicaments

Deux grands groupes de médicaments sont utilisés pour traiter les troubles dépressifs : les antidépresseurs et les inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO). Ces derniers exigent un régime alimentaire spécial en raison de leur interaction avec la tyramine que l'on trouve dans les fromages, la bière, le vin, les foies de volaille et autres aliments, et parce qu'ils augmentent la tension artérielle. Les antidépresseurs ne nécessitent pas de régime alimentaire spécial mais peuvent avoir un effet nocif sur le tissu cardiaque. Ces antidépresseurs prolongent les effets des neurotransmetteurs, ce qui permet un fonctionnement normal.

L'électrochoc (ou ECT) est considéré comme efficace surtout dans les dépressions résistantes à la thérapie médicamenteuse.

B) Psychothérapie

La psychothérapie est souvent utilisée en complément des traitements médicamenteux ; c’est une thérapie comportementale visant à identifier les modèles de pensées négatifs et de fournir au patient des méthodes pour les contrer. Du point de vue du béhaviorisme (étude du comportement observable), on considère en effet que la dépression présente un régime de pensées négatives entretenu par le patient lui-même et que le fait de s'opposer à ce cycle permet une rémission plus rapide. La psychanalyse ou la psychothérapie psychanalytique sont donc des traitements de fond qui visent à appréhender les conflits inconscients à l'origine de la dépression.

C) Sismothérapie

La sismothérapie vise à reproduire une crise convulsive (épileptique). L'intervention est réalisée sous anesthésie générale. Un bref courant est appliqué au niveau d'un ou des deux lobes temporaux. Le mécanisme d'action est encore aujourd'hui mal compris. Son efficacité est démontrée. Cette thérapie suscite une controverse, alimentée principalement par le caractère d'apparence barbare de cette intervention lors de ces premières utilisations en psychiatrie avant la deuxième guerre mondiale. Elle reste utilisée mais présente occasionnellement des effets secondaires importants pour le patient : pertes de mémoire et destruction de capacités mentales, qui ont conduit certaines personnes à se suicider suite à un tel traitement les ayant gravement handicapées mentalement. Son indication reste les syndromes dépressifs graves après échecs de plusieurs cures médicamenteuses.

7 décembre 2007

Psychose et névrose

Psychose et névrose

I) Observations générales

A) Présentation

Il existe deux sortes de maladies mentales :

- celle qui nous force à agir (ou ne pas agir comme la paralysie), qui nous domine sans pouvoir l’arrêter. On est alors dans un état conscient.

- Celle que nous générons inconsciemment et qui dépend uniquement de notre propre volonté.

Dans un premier temps, on appelait « névrose » les troubles physiques et somatiques (digestifs), puis les troubles psychologique conscient.

Au cours du XIXe siècle, Freud supposa sans preuves scientifiques que la névrose peut s’agir de troubles psychologiques plus ou moins conscient. Il opposa ces troubles aux troubles organique ou biologique subis extérieurement (étant donc d’importances moindres). Ainsi, les malades mentaux étaient considérés de manière différente, rejetés par la société. Cependant, les manifestations névropathiques forme une version atténuée de la psychose. La névrose peut donc régresser et ainsi être guérie contrairement à la psychose. Il existe donc bien une certaine unicité entre névrose et psychose.

Ces deux troubles agissent d’abord dans la pensée puis dans le corps. Ils font donc partis du domaine psychomoteur. Pour les cas d’intensité et de degré faibles, mais suffisant pour être perçus subjectivement et donner des perturbations extérieures très peu importantes, on parle de névrose. Pour les cas plus importants, intérieurement et extérieurement, on parle de psychose. Dans cette deuxième situation, le trouble psychique est suffisant pour altérer la personnalité, « un autre Homme » nommé aliéné.

Pendant une longue période, les savants distinguaient névroses et psychoses d’une part et affections organiques d’autre part. En effet, ils considéraient que le domaine psychologique différait du domaine physique atteint au système nerveux.

Mais au début du XIXe siècle, Bayle (1799-1859) fut le premier à décrire la paralysie générale. Les troubles psychologique et moteur y sont ainsi liés, à l’atteinte de la méningo-cérébrale.

Par exemple, ces affections organiques, marquées par des signes localisés ou par des lésions étendues et destructrice (atrophie cellulaire de la démence), ont pour conséquence des déficits comme la perte de la mémoire ou des oublis des notions didactiques. Il s’agit ici du syndrome de la démence, qui consiste en la disparition de matériel psychique. Ce qui confirme de nouveau le lien avec la psychose et la névrose, qui sont des réactions à des perturbations physiologiques.

B) Problèmes de la schizophrénie

La schizophrénie vient de la démence de Kraepelin. Elle est à l’origine de la question des maladies curables ou incurables. Ainsi, pour définir la « schizophrénie », on a cherché les signes incurabilités parmi ces quelques exemples : le trouble affectif, l’autisme, la dissociation psychique et l’incohérence, les troubles de l’association d’idées, les stéréotypes ... Or ces troubles peuvent être passager et définitivement guéri. Certains ne sont que des manies ou des délires paranoïdes.

Il est donc incertain que schizophrénie et psychose soient assez similaires. De plus, la schizophrénie n’a pas toujours les conséquences désastreuses, dans beaucoup de cas.

En conclusion on ne peut pas définir la schizophrénie comme une maladie incurable. Ce n’est qu’un processus psychopathologique (Baruk, les travaux de Jenner, de Bierer (en Angleterre) et de Pauleikoff (en Allemagne) ont en effet confirmé cela lors du Congrès de Zurich en 1957).

II) Classification physiologique, analyse fonctionnelle

Psychose et névrose sont formés de syndromes qui eux-mêmes sont constitués de symptômes élémentaires. Ces derniers sont plus simples et correspondent à des troubles psycho cérébrale. En les étudiant physiologiquement, on peut ainsi comprendre le fonctionnement plus intime de la malade puis en déduire des thérapeutiques rationnelles.

Nous étudierons les principaux troubles de la psychose et de la névrose :

A) Le sommeil et le rêve

Petite parenthèse sur le sommeil et le rêve :

Au cours du sommeil, les associations mentales se relâchent. Ainsi, les suites d’images qui défilent normalement dans notre cerveau deviennent une série d’images sans sens, irrationnelle mais cependant intéressantes si elle est bien interprétée.

Le rêve constitue notre inconscient : notre personnalité toute entière, même la partie « censuré » par le rationnel.

Selon Freud, le rêve, que l’on nomme rêve freudien, exprime un désir refoulé, une manifestation hystérique. Cependant, on peut distingué deux cas :

- le rêve lié à la réalité. L’inconscient devint beaucoup plus sensible, par exemple rêver d’être guillotiner peut être la conséquence d’un objet qui nous tombe sur le coup pendant la nuit réelle (ce qui peut expliquer les rêves prophétique, dans notre cas prévision d’une douleur au niveau du coup qui ne se manifestera que bien plus tard).

- Dans d’autres cas, il représente nos pensées intimes : désirs, craintes, intentions, prévisions perceptions… (il faut excepter l’influence de toxines ou d’alcools qui intervient directement sur le système nerveux). Plusieurs auteurs ont soulignés le lien entre rêve et folie : les malades atteints rêvent de jour. Ils sont donc dans un état d’inconscience. Certains malades mentaux agissent comme ans leur rêve. Par exemple, celui qui saute par la fenêtre s’imagine qu’il effectue un simple plongeon dans une piscine. D’autres sont victimes d’obsession ou de délires : au cours d’une dure journée, les tracas, les préoccupations, les émotions … bien que souvent surpassés par la volonté d’être oubliés, résident néanmoins dans notre subconscient et réapparaissent au cors du rêve.